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Etel Adnan – Writings & Paintings

Jan 13, 2022

An extract of Etel Adnan’s “Writings & Paintings” was reproduced in the A/W 2021 issue: TLmag36: All Is Landscape, just before she passed away in Paris at the age of 96. This was the last article of her to be published while she was living. The following introduction was included in that article, here modified to reflect on her passing. On January 13, an exhibition of her final works, “Discovery of Immediacy” (Découverte de l’immédiat), opened at Galerie Lelong in Paris and New York.

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Text by TLmag Editorial

Etel Adnan was born on February 24, 1925 in Beirut and died in Paris on November 14, 2021 at the age of 96. She was a Lebanese-American artist, poet and essayist who wrote in English and French. After living in California for a long time, she was living in Paris during her final years. Etel Adnan began painting in the 1960s, but it was not until 2012, when she participated in Documenta 13, that her work finally began receiving widespread international recognition. In 2014, she was included in the Whitney Biennial (New York), and had a retrospective exhibition at the Qatar Museum of Modern Art (Mathaf), curated by Hans Ulrich Obrist. Since then, many museums (Berne, Luxembourg, San Francisco, Aspen, Lille…) and art centres have devoted exhibitions to her work. Most recently, she had a solo exhibition at the Guggenheim in New York, titled “Light’s New Measure.”  Adnan’s work can be found in numerous collections, including the MNAM-Centre Pompidou, Paris; Mathaf, Doha, Qatar; MoMA, New York; M+, Hong Kong; Royal Jordanian Museum, Amman; the Museum of Modern Art, Tunis; Sursock Museum, Beirut; Institut du Monde Arabe, Paris; British Museum, London; Tate Gallery, London; World Bank Collection, Washington D.C.; National Museum for Women in the Arts, Washington D.C.; as well as in numerous private collections. Etel Adnan was an artistic force and an immeasurable influence on artists around the world.

Eau sur eau

La mer. Rien d’autre. La mer. Ses huiles. La mer. Plate. Des champs de liquides qui s’épandent, verts dans leur majorité. Faisceaux de couleurs réunis sur l’horizon, de couleurs. Celles-ci reviennent. La mer est verte dans son voyage vers le Nord. Voyage oblique. Des eaux se déversent sur des rochers. Elles avancent férocement vers les bords. Elles passent à l’attaque. La mer gonfle entre nos doigts, des arbres au nationalisme exaspéré se lèvent, se multiplient, jettent aux alentours leurs ombres. Une vague est une bouche qui prolifère, mais vers quoi ? Des chevaux blancs arrivent, se soumettent, et se noient. L’horizon est une épée liquide, immobilisée, parfaitement étendue sous le ciel déchiré. Hier, dans la nuit… mais faisait-il vraiment nuit? La soirée s’était terminée en retrouvailles, en série d’événements. Des sommets couleur orange avaient percé les nuages. Des perles roulant dans le ciel encerclaient d’autres nuages que visitait une éclatante lumière. Je vais m’apprêter à décrire ce que je vois comme un acte de dernier recours. Une vague est en train d’avancer au milieu d’eaux couleur émeraude. Eau sur eau. Des traînées d’outremer dilué se battent contre le tremblement lumineux de minéraux fondus dans l’eau. Il y a quelque chose qui se cache dans ces profondeurs et qui se réverbère dans les mécanismes de ma mémoire. Mais la mémoire est elle-même une surface dont la mobilité est commandée par les vagues. Oh l’explosion de feu blanc du ventre de la femme ! Des formes ténébreuses s’organisent en bataillons de mauvais augure. C’est la saison où les soldats ont des fleurs dans les yeux. Des étendues plates vont à la dérive, comme les continents. Nous les mesurons. Nous les perdons au profit de la mer.

Cette chose omniprésente

J’ai commencé à écrire de la poésie parce que, lorsque j’étais adolescente, rien d’autre ne m’intéressait. C’était à Beyrouth et pendant tout un temps la mer imprégnait absolument toute chose. Je vivais une histoire d’amour avec la mer, et le soleil était partout, et je sentais que le soleil avait bien plus de présence divine que toutes ces absurdités qu’on nous enseignait à l’école à propos de religion et de morale. Je voyais que la mer et le soleil étaient la première femme et le premier homme, premiers êtres, premières présences pour moi, et ce fut mon premier poème. Puis, chaque fois que quelque chose m’est apparu comme le plus important, l’omni- présent, j’écrivais à son sujet et ces écrits s’appellent des poèmes.

Être un Arabe, c’est déjà, un peu, être un Américain. Et être un Américain c’est déjà presque être un Arabe, même sans le savoir. Les Américains sont un peuple nomade. Les Arabes sont un peuple nomade et remuant. Les deux sont remuants et imprudents. Comme les Américains sont nomades, ils ne pouvaient pas ne pas aller sur la Lune. Les Arabes étaient des astronomes et des mathématiciens et ils ont ouvert un nouvel âge — un âge qui a rendu possible, plus tard, d’aller sur la lune, d’aller vers les étoiles.

Mais la poésie n’a aucune place dans la société américaine car cette société est aliénée d’elle-même. Les Américains sont des conteurs et souvent des poètes: poètes visuels, poètes du verbe, visionnaires, délinquants, poètes de rue, poètes fous. Mais la poésie n’a aucune place dans la société américaine car cette société, qui est américaine, vit sous les sombres nuées de la publicité, et l’insécurité métaphysique qui engendre la grande poésie se trouve étouffée sous un épais nuage d’insécurité induite par le gouvernement, le marché et les docteurs.

Vous pouvez néanmoins toujours écouter les poètes américains pendant votre sommeil. Ils frappent à votre porte.

-Excerpts from “Je suis un volcan”, a book released by Galerie Lelong & Co. in November 2021. This book brings together poems, prose and poetic prose, published in scattered magazines that are now difficult to access. Their reunion brilliantly demonstrates the diversity of Etel Adnan’s interests and the profound unity of her ever curious view of the world.

These paintings by Etel Adnan will be shown at her exhibition, “Discovery of Immediacy” Galerie Lelong, on view in Paris & New York through March, 12, 2022.

All images courtesy of Galerie Lelong.

The exhibition is accompanied by the publication of a bilingual book with a text by Yves Michaud. galerielelong.com @galerielelongparis
Paysage et signes 1, 2021, oil on canvas, 41 x 33 cm
Astre et signes 3, 2021, oil on canvas, 33 x 24 cm
Astre et signes 1, 2021, oil on canvas, 33 x 24 cm
Découverte de l'immédiat 1, 2021, oil on canvas, 41 x 33 cm
Intrusion de la mémoire 11, 2021, oil on canvas, 41 x 33 cm
Découverte de l'immédiat, 66, 2021, oil on canvas, 41 x 33 cm
Intrusion de la mémoire 1, 2021, oil on canvas, 33 x 24 cm
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